HER VENGEANCE
De : Nam Nai Choi
Avec : Pauline Wong, Lam Ching-Ying, Elaine Kam, Billy Chow ...
Genre : Horreur / Thriller
Durée : 1h32
Année : 1988
En 1988, un système de classification des films apparaît à Hong Kong. Cette classification se compose ainsi :
- catégorie 1 : films tous publics
- catégorie 2 (qui sera subdivisée en 2A et 2B par la suite) : films interdits aux enfants
- catégorie 3 : films interdits aux moins de 18 ans.
Très vite, la catégorie 3 va devenir le repère des films érotiques, violents, totalement transgressifs et sans le moindre tabou. Un cinéma trash où tous les excès sont permis et qui vont faire de la catégorie 3 un genre à part entière.
Remake de Kiss Of Death (1973) de Ho Meng-Hua, Her Vengeance narre l'histoire d'une jeune femme sans histoire interprétée par Pauline Wong qui, un soir, va être victime d'un viol collectif par 5 hommes qui vont se révéler par la suite être responsable de la mort de son défunt père. Et lorsqu'elle apprendra qu'ils lui ont transmis le virus du sida, elle n'aura alors plus qu'une idée en tête : se venger ! Nous sommes là en présence d'un scénario classique d'un rape revenge, un des sous-genre de la category III. Pour autant, il faut attendre la seconde moitié du film et plus particulièrement la scène finale pour voir le film verser dans le domaine du cinéma d'exploitation ce qui est plutôt surprenant quand on connaît le nom du réalisateur : un certain Nam Nai-Choi.
Nam Nai-Choi se trouvant être un réalisateur bien connu par les amateurs de films bis. En réalisant de véritables ovnis cinématographiques tels que The Cat ou Story Of Ricky, Nam Nai-Choi à acquis un statut de metteur en scène culte. Car il faut bien comprendre pour ceux qui ne le connaissent pas que Nam Nai-Choi n'est autre que le roi, que dis-je ?, le Dieu du nanar made in HK. Un véritable esthète de la série Z qui mériterait d'avoir une rétrospective de sa carrière dans tous les plus grands festivals de cinéma.
En connaissant donc un peu la carrière du bonhomme, ce Her Vengeance surprend agréablement. En effet, Nam Nai-Choi traite son sujet avec beaucoup de sérieux et d'application que ce soit dans le traitement de l'histoire et des personnages ou dans sa mise en scène. La scène du viol en est d'ailleurs la meilleure preuve. Plutôt "soft" la scène est finalement assez vite expédiée, le réalisateur semblant plus intéressé par les conséquences engendrées par cet acte ignoble comme l'atteste la scène qui suit où l'on voit la pauvre Pauline Wong se traîner sur le sol cherchant à ramasser ses affaires et où le spectateur se prend d'empathie pour la malheureuse victime.
Par la suite, il prend le temps de développer les personnages et de raconter son histoire et surtout de (dé)montrer que vouloir se venger ne se fait pas sans difficultés et que chercher à se faire justice soi-même peut avoir de terribles conséquences sur nos proches.
Durant la seconde moitié du film, l'héroïne va quand même finir par se venger de ses agresseurs les uns après les autres et le film justifier alors son statut de catégorie 3 avec quelques éclairs de violence fort sympathique. Lors du final, Nam Nai-Choi semble lui subitement se souvenir qu'il est un cinéaste réputé pour son côté déviant et nous concocte ainsi une fin des plus réjouissantes avec notamment le grand Lam Ching-Ying qui fait des cabrioles dans tous le sens sur son fauteuil roulant (après s'être entraîné à faire des drifts sur les toits d'un immeuble !!!) et les différents protagonistes subir d'atroces souffrances dans un cabaret truffé de pièges posés au préalable par les "héros" de l'histoire. Une séquence d'anthologie qui achève de faire de ce Her Vengeance une oeuvre plus que recommandable.
Beaucoup moins hardcore et extrême qu'un Ebola Syndrome par exemple, Her Vengeance constitue une bonne introduction au genre de la catégorie III et, bien que traitant son sujet avec sérieux, Nam Nai-Choi s'autorise quelques excès plutôt jouissifs. Un film à voir donc même s'il n'est pas du tout représentatif du "génie" du réalisateur.